19/05/2011
STABAT MATER- Poulenc- 15 Mai 2011-Lille
L'ensemble vocal LE MADRIGAL de Lille se poduisait dimanche dans l'église Saint Etienne à Lille avec des groupes belges, choeurs de Gand et de Namur, Orchestre de Bruges.
Le programme musical proposé était alléchant: Poulenc, Debussy, Durufle, Nees,Villette.
Le concert proposé était le fruit d'un travail collectif entre ces 4 groupes; il était le dernier d'une série de 4, qui avait conduit les interprétes respectivement dans les villes de résidence de chacun des groupes participants.
Disons le d'emblée, les réticences de certains sur l'acoustique de l'Eglise Saint Etienne s'agissant de l'interprétation de la musique chorale, se sont, une fois de plus, trouvées entièrement justifiées. Ce vaisseau est beaucoup trop grand, trop haut, pour ne pas générer une réverbération qui rend difficilement compréhensibles les textes, et conduit à un halo sonore perturbant.
Sous la direction de Francois Grenier, Le Madrigal de Lille et de 2de Adem de Gand ont interprété "Trois complaintes" un cycle de pièces du musicien belge Vic Nees. Pour avoir été pendant des années le chef des choeurs de la radio flamande, Vic Nees sait manifestement traiter les voix et ces pièces ont reflété tout son savoir faire. De leur côté, les chanteurs en ont donné une interprétation subtile, tout en nuance. Un très bon moment.
Les Compagnons de Champeau sont un choeur de Namur dont les chanteurs ont manifestement plus d'expérience que ceux des 2 groupes qui l' avaient précédé. On pouvait s'attendre à une grande maitrise de la polyphonie dans les Motets de Maurice Duruflé: il n'a en rien été et nous n'avons eu droit qu'à une interprétation juste honnête. Heureusement, l'Hymne à la Vierge de Vilette est venu nous convaincre que ce choeur était capable de bien mieux.
L'après midi d'un faune de Debussy que nous a proposé l'orchestre de Bruges ( Artis Dulcedo sous la direction de Steven Decraene) a vraisemblablement pâti de l'acoustique, et les couleurs de certains instruments ne nous ont pas vraiment convaincus.
L'ensemble des participants s'attaquait enfin au gros morceau de cette soirée, le Stabat Mater de Poulenc.
Dans l'oeuvre de Poulenc, le Stabat Mater ( écrit en 1950) concrétise l'évolution de son style religieux. Cette oeuvre mèle des passages d'atmosphere sombre à d'autres plus frivoles et fait alterner oraison funebre, douleur de la crucifixion , evocation paradisiaque de la Vierge,...
Ces différences de caractère entre les diverses parties de l'oeuvre exigent de la part des interprètes un engagement presque physique dans l'interprétation, pour passer d'une atmosphère a une autre.
L'oeuvre était manifestement maitrisée dans sa dimension technique ( justesse des mélodies, des harmonies, qualité vocale du choeur, précision rythmique de l'orchestre ). Mais l'interprétation s'est révélée décevante par une direction insuffisamment.... directive, trop concentrée sur la seule maitrise de la métrique.
L'alignement des notes, fut il parfait, ne suffit pas à faire la musique, à transmettre les intentions, à faire jaillir l'émotion. Il appartient au chef d'insuffler la dynamique, de générer l'énergie collective: Bernard Coulon, le chef des Compagnons de Champeau, n'y est pas vraiment parvenu. Dommage!
Pierre Antoine
10:48
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