17/06/2011
REQUIEM Faure- 4 juin 2011- Tourcoing
L'Atelier Choral du Conservatoire de Tourcoing cloturait son année de travail par un concert samedi 4 juin à l'Eglise Notre Dame des Anges à Tourcoing. Et en ce samedi soir concluant une journée assez chaude, le public n'était pas spécialement important.
Depuis quelques années, cet ensemble est dirigé par Francois Grenier, répétiteur accompagnateur à la maitrise Boreale et qui a aussi repris la direction de l'ensemble vocal Le Madrigal.
Pour l'avoir entendu l'an passé ( juin 2010), on peut dire que l'ensemble est en progrès et même en grand progrès. Sur le plan vocal, la couleur du choeur est métamorphosée, et on se doute que les sopranos notamment - qui étaient le pupitre le plus défaillant- ont du beaucoup travailler pour parvenir à cette amélioration. Les autres pupitres sont aussi en progrès manifeste, et la démonstration se fait une fois de plus que la valeur d'un choeur d'amateurs ne dépend pas que des qualités individuelles de chacun des membres qui le composent. Le travail, l'exigence du chef et la réceptivité des chanteurs à cette exigence sont la source même du progrès. Espérons que le chemin ainsi ouvert se poursuive dans les années futures.
La première partie du programme était construite autour d'une alternance de pièces jouées à l'orgue par Vianney Oudart et d'interventions du choeur, accompagné à l'orgue ou a capella.
Allant de JS Bach à Brahms, en passant par Haydn, c'était un panorama musical dont le but était de montrer les diverses facettes du travail des différents intervenants. Les interprétations du choeur ont été tout a fait satisfaisantes, même si on peut regretter le choix d'oeuvres particulièrement méconnues et somme tout d'intérêt assez limité. A la tribune, Vianney Oudart a montré son savoir faire d'organiste, mais l'oeuvre de Brahms qui terminait cette première partie n'a pas convaincu.
La seconde partie du concert était consacrée au Requiem de Faure, oeuvre maintes fois interprétée par les choeurs. Apparemment facile, sans doute en raison des lignes mélodiques si bien écrites pour la voix, c'est en réalité pour les choeurs et pour le chef une oeuvre redoutable: les harmonies fauréennes nécessitent une écoute entre pupitres de chanteurs que bien peu parviennent à rendre de manière satisfaisante. La diversité d'atmosphère entre les différents numéros sont une difficulté pour le chef, chargé de mettre en place ces atmosphères.
Dans une version avec orgue, l'interprétation de l'ensemble de l'oeuvre a été tout a fait convaincante, avec une belle pâte sonore, un fondu de pupitres assez intéressant. L'interprétation du 2° numéro - offertorium- a été d'une exceptionnelle qualité, dans l'enchevêtrement du contrepoint des voix , dans le relief des entrées successives, dans la justesse des harmonies, dans la qualité vocale de chaque intervenant, dans l'équilibre de l'ensemble.
Les solistes tirés du choeur se sont tirés tout à fait honorablement des pièces dont l'interprétation leur était confiée.
L'ensemble était accompagné à l'orgue par Vianney Oudart que l'on rencontre souvent dans la fonction d'accompagnateur de choeur: ce n'est sans doute pas sans raison car il sait à la fois imposer sa présence à certains instants et soutenir le choeur à d'autres moments.
L'ensemble de la soirée étant de bonne tenue, le public a réclamé un bis que le choeur lui a offert: mais on ne bisse pas un Requiem. Aussi le Cantique de Jean Racine , bien que bien interprété, est il apparu comme incongru à ce moment du concert.
Pierre Antoine
17:59
28/05/2011
NI VU NI CONNU - 27 mai 2011- Wattignies
C'était la chorale Crescendo de Wattignies qui avait convié quelques groupes amis pour une manifestation au profit des sinistrés du Japon.
A tout seigneur, tout honneur, il revenait donc à Crescendo d'ouvrir la soirée, sous la direction de son chef habituel et fondateur François Dusol. Ce choeur regroupe plus de 50 personnes, et sa façon de faire est bien dans la tradition des choeurs rassemblant toute personne ayant simplement envie de chanter. Un programme varié , mais ne devrait on pas plutot dire éclectique, mèlant des oeuvres profanes, parfois même polissonnes, à des pièces de musique sacrée, allant de la Renaissance ( Janequin ..) au plus contemporain ( Lauridsen, Arvo Part ), sans oublier folklore et musique américaine. Un niveau d'interprétation très inégal selon les pièces constituait la preuve indéniable que certaines d'entre elles avaient encore besoin de travail avant d'être proposées au public.
Suivait l'ensemble Vocal Adventi- un ensemble d'une bonne douzaine de chanteuses et chanteurs- sous la direction de Lucille Delvaux, dans un programme très contemporain, influencé par l'Europe du Nord/Pays Baltes, à l'exception notable cependant de pièces du français Thierry Machuel. Très en place sur le plan rythmique, mélodiquement juste, on n'est pourtant pas conquis, sans doute en raison du manque d'énergie - l'impression que tout est chanté un peu de la même façon - et d'un son du choeur sans véritable consistance vocale: dans un groupe de 12 ou 15 chanteurs, l'exigence vocale individuelle devient un nécessité , et l'insuffisante culture vocale d'une majorité devient un handicap pour le groupe. Les chefs de choeur doivent prendre conscience que dans chant choral, il y a le mot Chant, et que plus le groupe est numériquement restreint, plus la qualité vocale de chaque membre devient essentielle.
Les mêmes commentaires sur les voix pourraient s'appliquer au quatuor d'hommes Ni vu Ni connu. Mais le dynamisme, l'humour, l'originalité du répertoire, la mise en scène, ont fait de leur prestation le grand moment de la soirée. Le répertoire est en effet consacré exclusivement à la musique "barbershop", un style de musique harmonisée a capella, inspiré par le jazz et les gospels, né dans les boutiques des barbiers noirs américains au début du 20° siècle, et laissant une part d'improvisation aux interprétes.
Une bonne soirée dont on espère qu'elle aura permis aux organisateurs de récolter des fonds pour les sinistrés japonais, et qui avait bien trouvé son intitulé de concert en 3 dimensions.
Pierre Antoine
15:40
19/05/2011
STABAT MATER- Poulenc- 15 Mai 2011-Lille
L'ensemble vocal LE MADRIGAL de Lille se poduisait dimanche dans l'église Saint Etienne à Lille avec des groupes belges, choeurs de Gand et de Namur, Orchestre de Bruges.
Le programme musical proposé était alléchant: Poulenc, Debussy, Durufle, Nees,Villette.
Le concert proposé était le fruit d'un travail collectif entre ces 4 groupes; il était le dernier d'une série de 4, qui avait conduit les interprétes respectivement dans les villes de résidence de chacun des groupes participants.
Disons le d'emblée, les réticences de certains sur l'acoustique de l'Eglise Saint Etienne s'agissant de l'interprétation de la musique chorale, se sont, une fois de plus, trouvées entièrement justifiées. Ce vaisseau est beaucoup trop grand, trop haut, pour ne pas générer une réverbération qui rend difficilement compréhensibles les textes, et conduit à un halo sonore perturbant.
Sous la direction de Francois Grenier, Le Madrigal de Lille et de 2de Adem de Gand ont interprété "Trois complaintes" un cycle de pièces du musicien belge Vic Nees. Pour avoir été pendant des années le chef des choeurs de la radio flamande, Vic Nees sait manifestement traiter les voix et ces pièces ont reflété tout son savoir faire. De leur côté, les chanteurs en ont donné une interprétation subtile, tout en nuance. Un très bon moment.
Les Compagnons de Champeau sont un choeur de Namur dont les chanteurs ont manifestement plus d'expérience que ceux des 2 groupes qui l' avaient précédé. On pouvait s'attendre à une grande maitrise de la polyphonie dans les Motets de Maurice Duruflé: il n'a en rien été et nous n'avons eu droit qu'à une interprétation juste honnête. Heureusement, l'Hymne à la Vierge de Vilette est venu nous convaincre que ce choeur était capable de bien mieux.
L'après midi d'un faune de Debussy que nous a proposé l'orchestre de Bruges ( Artis Dulcedo sous la direction de Steven Decraene) a vraisemblablement pâti de l'acoustique, et les couleurs de certains instruments ne nous ont pas vraiment convaincus.
L'ensemble des participants s'attaquait enfin au gros morceau de cette soirée, le Stabat Mater de Poulenc.
Dans l'oeuvre de Poulenc, le Stabat Mater ( écrit en 1950) concrétise l'évolution de son style religieux. Cette oeuvre mèle des passages d'atmosphere sombre à d'autres plus frivoles et fait alterner oraison funebre, douleur de la crucifixion , evocation paradisiaque de la Vierge,...
Ces différences de caractère entre les diverses parties de l'oeuvre exigent de la part des interprètes un engagement presque physique dans l'interprétation, pour passer d'une atmosphère a une autre.
L'oeuvre était manifestement maitrisée dans sa dimension technique ( justesse des mélodies, des harmonies, qualité vocale du choeur, précision rythmique de l'orchestre ). Mais l'interprétation s'est révélée décevante par une direction insuffisamment.... directive, trop concentrée sur la seule maitrise de la métrique.
L'alignement des notes, fut il parfait, ne suffit pas à faire la musique, à transmettre les intentions, à faire jaillir l'émotion. Il appartient au chef d'insuffler la dynamique, de générer l'énergie collective: Bernard Coulon, le chef des Compagnons de Champeau, n'y est pas vraiment parvenu. Dommage!
Pierre Antoine
10:48